- Communiqué -

Journée internationale de commémoration des victimes d’accidents et de maladies du travail

Le bilan des lésions professionnelles s’alourdit encore cette année : qu’attend la ministre responsable du Travail pour agir?

À chaque année dans le monde, plus de 2,3 millions de travailleuses et travailleurs perdent la vie à la suite d’un accident ou d’une maladie du travail. Plus de 470 millions d’autres se blessent ou sont rendues malades à cause de leur travail.

Pour que ces travailleuses et ces travailleurs ne soient pas oubliés, le mouvement ouvrier a fait du 28 avril une journée dédiée aux victimes du travail. Encore une fois cette année, la journée sera soulignée par des organisations ouvrières dans plus de 110 pays.

Une autre année sombre au Québec

C'est à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes d’accidents et de maladies du travail du 28 avril que la CNÉSST rendra public son bilan annuel des lésions professionnelles. Encore une fois cette année, on constatera une hausse du nombre des accidents du travail, des maladies professionnelles et des décès causés par le travail au Québec.

Le tableau suivant démontre clairement que le bilan de certaines catégories de lésions professionnelles s'est encore une fois aggravé de façon importante :

Dossiers acceptés par la CNÉSST
de 2014 à 2017
Année Dossiers acceptés Décès
  AT MP Total AT MP Total
2014 82 321 5 725 88 046 57 107 164
2015 81 765 5 853 87 618 69 127 196
2016 82 179 8 235 90 414 80 137 217
2017 86 223 9 912 96 135 62 168 230

On doit constater que l’augmentation du nombre de maladies professionnelles est particulièrement inquiétante. En trois ans, nous sommes passés de 5 725 cas à 9 912, soit une hausse de 73% des réclamations acceptées par la CNÉSST.

La hausse du nombre de décès est aussi préoccupante. En effet, le nombre de décès acceptés est passé de 164 en 2014 à 230 en 2017. On constate une augmentation de 40% depuis trois ans, elle aussi principalement causée par des décès reliés aux maladies professionnelles.

L’amiante demeure encore la première cause de mortalité liée au travail. Ce contaminant extrêmement dangereux est maintenant responsable de près de deux décès sur trois (63%). En effet, sur les 230 décès survenus en 2017, 145 d'entre eux sont reliés à l'exposition à l'amiante. L'ampleur de cette catastrophe sanitaire atteint des proportions épidémiques, notamment dans le secteur Bâtiment et travaux publics avec 46 décès pendant l'année.

Mesures de prévention inefficaces

Certains ne manqueront pas de tenter de contextualiser et de relativiser ces statistiques afin d'affirmer que ça ne va pas si mal que ça. Mais avec de tels chiffres, il est difficile de prétendre que les mesures de prévention dans les milieux de travail sont de plus en plus efficaces, bien au contraire.

La hausse des maladies professionnelles constitue un signe évident qu’il existe des problèmes sérieux de prévention en milieux de travail. En effet, les maladies professionnelles résultent de conditions de travail quotidiennes qui sont connues, qui se répètent à long terme et sur lesquelles on peut agir.

Bien que la CNÉSST et la ministre responsable du Travail Dominique Vien nous disent réfléchir, discuter et consulter depuis de nombreuses années pour corriger les choses, on ne constate aucun résultat concret.

Par exemple, 39 ans après son adoption, l’ensemble des mécanismes de prévention prévus à la Loi sur la santé et la sécurité du travail ne s’appliquent toujours pas à près de 85% des travailleuses et des travailleurs.

Autre exemple : la norme d’exposition à l’amiante n’a pas bougé depuis près de 30 ans. Malgré le fait qu’il existe un consensus scientifique international à l’effet que l'amiante, sous toutes ses formes, incluant l’amiante chrysotile, est un cancérigène prouvé et qu’il n’existe pas de seuil d’exposition qui soit sécuritaire, la CNÉSST permet encore l'exposition à ce produit à des concentrations 10 fois plus élevées qu'ailleurs au Canada et aux États-Unis et 100 fois plus élevées que dans plusieurs pays européens.

Tant la CNÉSST que la ministre responsable du Travail n'ont pas à attendre une grande réforme du régime de santé-sécurité du travail, qui n'abouti pas depuis maintenant près de dix ans, pour agir : elles ont toutes deux les pouvoirs règlementaires, qui sont déjà prévus à la loi, et qui leur permettraient de corriger ces situations en quelques jours si elles en ont vraiment la volonté.

Cet immobilisme doit cesser. Car à chaque année qui passe, il y a derrière ces chiffres de véritables êtres humains qui paient de leur vie ou de leur santé à cause cette absence de volonté politique de vouloir réellement changer les choses. Ne l’oublions pas et ne les oublions pas.

SOURCE Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades (uttam)

 

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